Mettre en place une stratégie bas carbone en entreprise est un sujet vaste, complexe mais aujourd'hui vital. La France, à travers le déploiement de sa Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) a fixé des objectifs concrets de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour l’ensemble des secteurs d'activité.
Toutes les entreprises doivent donc participer à leur échelle en s’engageant pour le climat et en mettant en place leur stratégie bas carbone afin de réduire leurs émissions. La stratégie bas carbone ou stratégie climat doit être :
Ambitieuse : la stratégie doit être à la hauteur des enjeux et de la lutte contre le réchauffement climatique
Crédible : le plan d’action doit être crédible et réaliste
Pérenne : il s'agit là de définir une stratégie climat sur le long terme afin d'améliorer sa démarche et de diminuer ses émissions de GES en continu
Attention cependant aux actions qui peuvent paraître utiles mais qui ne sont pas suffisantes. Attention également à ne pas omettre certains sujets importants dans l’implémentation d’une stratégie bas carbone. Tour d’horizon des principaux pièges à éviter dans le déploiement d’une stratégie bas carbone.
Ne pas réaliser d’analyses environnementales de type bilan carbone ou analyse du cycle de vie.
Pour mettre en place une stratégie bas carbone, il est essentiel de connaître l’empreinte environnementale de l’entreprise dans sa globalité. Il existe de nombreux outils et méthodologies pour permettre aux entreprises de calculer leur empreinte carbone pour pouvoir prendre des décisions concrètes et engageantes :
Le bilan carbone permet de quantifier les émissions de l’entreprise.
L’analyse du cycle de vie (ou ACV) permet d’évaluer de façon globale et multi-critères l’impact environnemental d’un produit ou service, tout au long de son cycle de vie.
Le bilan produit qui correspond à une analyse du cycle de vie simplifiée
Ces analyses permettent de comprendre d'ou viennent les émissions de GES, ce qui consomme le plus afin d'évaluer les périmètres sur lesquelles des actions doivent être réalisées pour diminuer l'empreinte carbone de l'entreprise.
Ne pas prendre en compte le scope 3 lors de la réalisation d'un bilan carbone.
La réduction des émissions est un enjeu crucial lorsque l’on souhaite déployer une stratégie bas carbone. Lors de la réalisation d’un bilan carbone, les émissions de GES sont catégorisées en scope :
Scope 1 : émissions directes
Scope 2 : émissions indirectes liées à l'énergie
Scope 3 : autres émissions indirectes
Le scope 3 est le scope le plus important car il intègre la majorité des émissions des entreprises. Une étude de Réseau Action Climat publiée en 2016 indique que le scope 3 peut représenter 3 à 4 fois les émissions des scopes 1 & 2. Le Carbon Disclosure Project (CDP) va encore plus loin dans une étude parue en mars 2022. D’après le CDP, le scope 3 représente 86% des émissions des entreprises, et seules 53% des entreprises le prennent en compte.
Ne pas intégrer la prise en compte du scope 3 dans un bilan carbone est une erreur car les entreprises ne peuvent pas tenir compte de l’impact réel de leurs activités. Toute entreprise doit prendre en compte le scope 3 afin d'établir un plan d’action complet de réduction des émissions.
S’appuyer uniquement sur la compensation carbone
Ne s’appuyer que sur la compensation carbone pour réduire son empreinte est une erreur. Pour rappel, la compensation carbone est un mécanisme permettant de compenser les émissions émises par des particuliers ou des entreprises en soutenant des projets de réduction et de séquestration des émissions de gaz à effet de serre.
La compensation carbone est bien évidemment un mécanisme à prendre en compte dans le déploiement d’une stratégie climat mais il ne peut pas être l'unique levier. S’appuyer uniquement sur celle-ci c’est :
Ne pas réduire ses émissions. En effet la compensation carbone permet de compenser des émissions déjà émises mais n’agit pas sur le travail en amont de réduction des émissions émises par l’activité d’une entreprise.
Être potentiellement accusé de greenwashing. Une entreprise qui se dit neutre en carbone en indiquant que toutes ses émissions sont compensées grâce à des projets de réduction ou de séquestration carbone pourra être accusée de greenwashing.
La compensation carbone reste une étape clé dans le déploiement d’une stratégie bas carbone ambitieuse, devant intervenir en fin de parcours. Attention également lors de la sélection de projets de compensation carbone à sélectionner des projets accrédités et certifiés.
Communiquer sans être transparent #greenwashing
La communication est clé, encore faut-il être transparent et valider sa communication avec des chiffres et actions concrètes. “Neutre en carbone”, “émissions compensées", "empreinte carbone divisée par 2”, etc. Autant de phrases ou d’arguments que peuvent avancer certaines entreprises, souhaitant montrer leur engagement pour le climat, pourtant sans preuves ni transparence. Il est impératif d’être transparent lorsque l’on communique. Comment ?
Justifier les chiffres en réalisant par exemple un bilan carbone, en définissant la méthodologie et en présentant un plan d’action Chiffres <> Objectifs <> Actions. Justifier et prouver vos chiffres c’est s’assurer de ne pas être accusé de greenwashing.
Bannir la notion de “neutre en carbone", en effet la neutralité carbone n’est pas réalisable à l’échelle d’une entreprise. Ce terme peut être utilisé à l’échelle de la planète ou d’un pays. L’Ademe recommande dans son avis d'experts d’ailleurs d’éviter ce terme et de communiquer de manière plus transparente, proportionnée et distincte.
Compenser, oui, mais pas seulement. Comme indiqué plus haut, la compensation carbone est une étape nécessaire pour mettre en place une stratégie bas carbone, cependant il ne faut pas miser uniquement sur ça et ne pas indiquer que l’entreprise s’engage pour le climat seulement en compensant ses émissions.
Ne pas intégrer les collaborateurs et parties prenantes dans la mise en place d'une stratégie bas-carbone
Déployer une stratégie bas carbone en entreprise c’est avant tout intégrer la totalité de l’entreprise dans sa réflexion et dans sa mise en œuvre. Ouvriers, cadres, chef(fe)s de projets (etc.), l’ensemble des collaborateurs doivent être parties prenantes de la stratégie mise en place pour construire une entreprise plus durable. Ne pas les intégrer dans la démarche rendra vos efforts vains et réduira l’impact de vos actions. La communication est primordiale pour indiquer ce que vous comptez réaliser, comment et pourquoi.
Il y a plusieurs moyens d’engager ses collaborateurs :
Webinar internes ou plénières de présentation des actions qui seront mises en œuvre
Q&A pour répondre à leurs questions et prendre en compte leurs idées
Faire des points d’étape réguliers sur l’évolution du plan d’actions
En impliquant les employés et les parties prenantes, vous pouvez exploiter leurs connaissances, leurs points de vue et leur engagement, ce qui crée un sentiment d'appartenance et garantit une mise en œuvre plus réussie et plus efficace de la stratégie bas carbone.
S’engager sur des objectifs chiffrés sans plan d’actions concret
Une stratégie ambitieuse doit prendre en compte des données concrètes de réduction des émissions. En tant qu’entreprise, il faut définir un plan d’action chiffré qui définit concrètement les économies eqCO2 (équivalent CO2) sur chaque poste d’émission et chaque périmètre. Le bilan carbone permet une fois réalisé par un expert climat, de quantifier ses émissions mais également de définir un plan d’action précis qui, dans la plupart des cas, est la colonne vertébrale d'une stratégie climat.
Se lancer seul, sans être accompagné par des experts
L'accompagnement par des sociétés spécialisées dans divers domaines autour de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) ou du déploiement d’une stratégie climat est clé. En effet, des experts climat, consultants bilan carbone ou RSE sont spécialisés dans ces domaines et sont capables d’accompagner les entreprises dans la construction de leur stratégie climat. Il est important de bien s’entourer pour construire une feuille de route climatique à la hauteur des enjeux.
Une stratégie bas carbone ambitieuse, crédible et pérenne
Chaque entreprise doit s’engager dès aujourd'hui pour le climat. Construire une feuille de route pour la transition bas carbone en s’appuyant sur des outils concrets comme le bilan carbone ou l'analyse du cycle de vie est essentiel pour réduire ses émissions et participer collectivement à la lutte contre le réchauffement climatique.
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